Dans de nombreuses PME et ETI, l’actionnariat minoritaire (famille, managers clés, investisseurs extérieurs, partenaires sectoriels) est vécu comme une simple question de contrôle ou de capital. Pourtant, force est de constater qu’une implication insuffisante ou mal pilotée des minoritaires peut fragiliser la gestion, ralentir la prise de décision et saper la cohésion stratégique entre les parties prenantes.
À l’inverse, une gouvernance qui favorise la transparence, le dialogue et l’alignement stratégique crée de la confiance, diminue les risques de conflits latents ou ouverts, et maximise la valeur créée lors d’une cession ou d’une croissance externe.
L’un des leviers principaux consiste à formaliser, dès la structuration ou au fil des augmentations de capital, les droits et devoirs de chaque actionnaire dans un pacte d’actionnaires. Ce document ne doit pas être réduit à la seule protection de la majorité, mais baliser les marges de manœuvre des minoritaires (accès à l’information, droit à l’audit, droit de veto ponctuel, modalités de sortie ou liquidité des titres).
Attention cependant au risque de multiplier les clauses restrictives, qui peuvent figer la gouvernance, créer des blocages et dissuader de futurs investisseurs. Une bonne pratique consiste à réévaluer périodiquement le pacte selon l’évolution de l’entreprise, et à privilégier des clauses de dialogue ou de médiation préventive en cas de désaccord.
S’ils restent rares dans les PME françaises, les comités consultatifs peuvent jouer un rôle clé pour canaliser l’expertise et le réseau des actionnaires minoritaires (notamment s’ils disposent de compétences métiers, digitales, ou sectorielles non présentes en interne). Réunis trimestriellement ou semestriellement, sur la base d’un ordre du jour précis, ces comités permettent de confronter les points de vue, d’aborder sereinement des sujets sensibles (croissance, RH, financement, risques) et d’anticiper les arbitrages.
Un manque de transparence ou un reporting trop ponctuel sont à l’origine de tensions évitables. Instituer des points réguliers de communication financière (mensuels ou trimestriels), des dossiers stratégiques synthétiques et la mise à disposition des principaux indicateurs clés (KPI) de façon intelligible, favorise la confiance et l’appropriation des enjeux par tous les actionnaires.
Le reporting ne doit pas être un simple exercice de justification : il doit permettre d’impliquer, d’alerter et de solliciter des feedbacks pour ajuster l’exécution de la stratégie collective.
Le dirigeant, en tant qu’architecte de la gouvernance, doit endosser une fonction de facilitateur entre la stratégie opérationnelle et les attentes des minoritaires. Organiser des sessions annuelles de réflexion stratégique, inviter les minoritaires aux moments forts de la vie de l’entreprise, ou les associer à certaines grandes orientations (changement d’ERP, ouverture d’un nouveau marché, M&A…) permet de décloisonner les discussions et de valoriser l’apport des minoritaires.
Néanmoins, attention à ne pas basculer dans une cogestion inefficace : l’équilibre doit rester entre implication, efficacité du pilotage et préservation du rôle décisionnaire du dirigeant majoritaire.
Faire de l’implication des minoritaires un atout demande d’aller au-delà de la simple protection ou des quotas de représentation. Plus l’actionnariat est aligné sur une vision stratégique partagée (croissance, développement international, innovation, cession…), plus l’entreprise maximise sa résilience et son attractivité pour des investisseurs ou repreneurs potentiels.
Cela nécessite de ritualiser le partage d’objectifs, de thématiser à intervalles réguliers les sujets d’avenir (digitalisation, ESG, adaptation sectorielle…) et de former ensemble les parties prenantes à une culture de la gouvernance moderne.
Dans les sociétés familiales ou lorsque des capitaux externes entrent au capital (fonds, industriels), la cohabitation des logiques de long terme et d’exigence de rentabilité demande un pilotage spécifique, fondé sur la pédagogie et l’anticipation des éventuelles divergences d’intérêt. Refuser d’impliquer les minoritaires ou banaliser leur apport expose à des conflits ouverts lors des phases clés (cession, levée de fonds, croissance externe).
Impliquer positivement les actionnaires minoritaires dans la gouvernance de votre PME ou ETI n’est ni une contrainte juridique, ni un obstacle à la prise de décision : c’est un véritable levier pour structurer, transformer et valoriser votre entreprise sur le long terme.
En combinant pacte d’actionnaires vivant, instances consultatives, reporting ouvert et cohérence stratégique, vous réduisez les risques de conflit et renforcez durablement l’attractivité de votre entreprise.
La question à se poser aujourd’hui : votre gouvernance est-elle un frein, ou un accélérateur dans l’alignement du projet d’entreprise ? Quelles sont les 2 actions concrètes à initier dans les 3 prochains mois pour avancer ?
François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.
Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.