
Reprendre une entreprise au tribunal de commerce est une stratégie d’acquisition atypique, rapide et souvent opportuniste. Pour un dirigeant de PME ou d’ETI, c’est parfois le moyen le plus efficace d’accéder à un marché, à une équipe ou à des actifs normalement inaccessibles. Mais c’est aussi l’un des terrains les plus piégeux du M&A : délais très courts, asymétrie d’information, périmètres mouvants et financement complexe.
La hausse continue des défaillances entre 2023 et 2025 a mécaniquement augmenté le nombre d’entreprises présentées à la barre. Dans un contexte où les liquidations judiciaires représentent près de 70% des décisions et où les banques financent peu les acquisitions en procédure, les repreneurs réellement préparés disposent d’un avantage concurrentiel clair : rapidité, capacité à analyser un périmètre dégradé et solidité opérationnelle post‑rachat.
Pour une PME ou une ETI, ces dossiers permettent souvent de reprendre :
Mais la valeur réelle ne se trouve jamais dans le prix affiché : elle dépend de la capacité à identifier ce qui peut être sauvé, relancé ou réintégré dans une structure existante.
Objectif : comprendre ce qui est effectivement repris. En liquidation, il s’agit d’actifs isolés ; en redressement, de l’activité dans un périmètre défini par le tribunal.
L’enjeu n’est pas de sauver l’entreprise, mais de déterminer si un « périmètre minimum viable » existe. Un rachat est viable lorsque :
Même si le passif n’est pas repris en liquidation, des risques demeurent :
Les reprises qui fonctionnent sont celles où l’intégration est anticipée avant même le dépôt de l’offre :
C’est le cas dominant depuis 2023. L’entreprise ne survit pas ; seuls les actifs (machines, stocks, marque, bail) sont repris. Ce format est idéal pour les industriels cherchant à renforcer leur outil de production à bas coût.
Moins fréquent, mais intéressant. Le tribunal autorise une poursuite temporaire pour faciliter une cession globale. Cela permet de préserver une équipe ou une capacité de production encore fonctionnelle.
La continuité est maintenue, sous supervision judiciaire. Cela ouvre la voie à une cession plus structurée, mais la concurrence entre repreneurs est généralement plus élevée.
Dans les reprises à la barre, les erreurs classiques coûtent cher :
Le tribunal ne choisit pas l’offre la plus élevée, mais la plus crédible. Une offre solide repose sur :
Le financement bancaire est désormais rare sur ces dossiers. Les alternatives observées incluent :
Les financeurs privilégient les dossiers où des contrats clés sont sécurisés avant le dépôt de l’offre.
Depuis 2024, on observe une montée des reprises partielles dans la distribution, la restauration ou l’industrie : achat de lignes de production ciblées, maintien d’un site rentable, reprise de droits au bail, mais pas de la structure entière. Le repreneur sélectionne ce qui fonctionne et laisse le reste en liquidation.
Donner votre avis sur cet article
La reprise d’une entreprise au tribunal de commerce n’est plus seulement une opportunité financière : c’est un levier stratégique exigeant. Dans un marché où les défaillances augmentent et où la concurrence s’intensifie sur les dossiers attractifs, les repreneurs capables d’analyser vite, financer autrement et intégrer immédiatement prennent l’avantage. Pour une PME ou une ETI, ces opérations peuvent accélérer une croissance externe ciblée, renforcer une position industrielle ou sécuriser des actifs clés. À condition d’être préparé, structuré et extrêmement réactif.
Les chiffres récents montrent une hausse durable des procédures collectives entre 2023 et 2025, avec un niveau de liquidations supérieur à 69% et des banques réticentes à financer les acquisitions en difficulté. Pour les dirigeants, cela crée un marché d’opportunités plus large mais plus sélectif, où seules les offres rapides, structurées et financées hors dette bancaire ont une chance d’aboutir. La multiplication des liquidations directes pousse aussi les repreneurs à privilégier les acquisitions d’actifs ciblés plutôt que des reprises globales.
Comprendre précisément ce qui est transféré (actifs, contrats, équipes) permet d’évaluer la faisabilité opérationnelle et d’éviter de payer pour un périmètre inutilisable.
La réponse conditionne la capacité à relancer l’activité rapidement et à sécuriser clients, fournisseurs et équipes.
Un rachat réussi dépend de votre aptitude à absorber l’activité dans vos processus, vos systèmes et votre management.
En 2024‑2025, les banques financent très rarement ces opérations : un financement alternatif doit être anticipé dès le départ.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.
.png)





